Ou comment le travail collectif d’enfants et d’adolescents dans des conditions précaires souvent difficiles aboutit à des réalisations graphiques, vidéo, sonores, musicales, photographiques,… à haute teneur citoyenne.
Coup de cœur de la Maison Folie de Mons, notre Centre de Créativité et le Centre de Jeunes Caj-mir avons été invités du 23 novembre au 9 décembre 2007, pour mettre en mouvement nos multiples créations et organiser, pendant une quinzaine, différents concerts, spectacles et ateliers.
L'entrée de l'exposition est un clin d'oeil au pop art. On y entre comme dans une énorme boîte de conserve. A l'intérieur, on se retrouve sur une place publique peuplée de boîtes de conserves géantes devenues abribus, magasin, rond-point, fast -food, bornes d’écoutes musicales, ... Chacun de ces espaces est habité par des vidéo, bandes sonores, photographies, textes, affiches,... Les tags, containers, poubelle se trouvant sur la place sont également incrustés de sons et de vidéo.
Sur la place, on découvre le portrait des gens d'aujourd'hui (Décor et des Gens/Portraits d’avenir), les produits rOGer M, le Rap Patate, le slam au coeur des jeunes qui squattent un abribus, Sur le mur du fond, on a tendu une toile (10mx6m) sur laquelle est projeté un film vidéo où l'on voit les jeunes au travail en train de sculpter, peindre, créer les différentes œuvres exposées dans le lieu.
Autour de la place, on circule entre des affiches traitant de la violence vue par les jeunes pour ensuite se retrouver face une installation photo sur la peur (Peur de quoi). On s'en approche, l'installation s'éclaire et nous montre d'où vient cette peur.
Autour d'un livre manuscrit (Livre des origines) on peut lire l'histoire des familles des jeunes, Comment elles sont arrivées sur place. Au-dessus du livre, un batik suspendu au plafond nous montre la place vue du sol. En montant les escaliers on est attiré par une bande sonore où on entend la voix d’un jeune qui interviewe d’autres jeunes sur la sida et sa prévention.
A l'étage, Made in Caj-mir invite avec son grimoire géant dans le monde de l'imaginaire peuplé de masques, gargouilles et recettes de sorcières. Par une passerelle, on passe au milieu de bas-reliefs représentant les différents continents pour se retrouver face un totem monumental orné de gri-gri, de peintures et de collages. Derrière, nous y attendent le yéti en grande conversation avec le Dalaï Lama. Un écriteau nous invite à tourner le moulin à prières avec pour effet de déclencher une avalanche sonore et fait apparaître les ombres de l'armée chinoise qui persécute les tibétains.
A la sortie, une affiche nous rappelle qu'un trou de mémoire suffit à répéter l'histoire, que le racisme, la haine et l'intolérance continuent à tuer. Dans la salle d’en face est projeté en permanence le film Fais-moi une place où dix jeunes sur la place publique posent en musique, danse, parole, image, ...la question de la place de l'humain dans une société où il est de plus en plus difficile de trouver sa place. En fin de parcours, des photos et des affiches surréalistes nous accompagnent dans la descente des escaliers.
Globalement un bon millier de personnes ont visité, en quinze jours, l’exposition. Les matinées réservées aux écoles ont bien fonctionné ainsi que les différentes activités (concerts, spectacles,…) et rencontres (Les Cec s’expliquent) organisées autour de l’exposition.
Même si Made in Caj-mir n’était pas notre première exposition, elle n’avait rien de commun avec ce qu’on avait connu auparavant que ce soit au Grand-Hornu ou au CWAC de Flémalle. Dans ces différents lieux, nous y avions exposé un voire deux projets, mais on ne nous avait jamais demandé de faire vivre avec nos seules réalisations un espace aussi vaste (+de 600 m²). De plus, on exposait à Mons, pôle culturel wallon et candidate au titre de capitale européenne de la culture 2015 où il fallait montrer notre dimension artistique tout en faisant bonne figure pour notre pouvoir subsidiant.
Le pari était donc aussi osé qu’excitant. On avait les bras, on avait la matière mais fallait-il encore trouver la manière, l’esthétique permettant à la fois de mettre en valeur les différentes réalisations, de faire cohabiter actuel et ancien tout en gardant la dimension humaine et citoyenne des projets.
On aurait pu créer, comme dans les grandes capitales, une favela en carton sur laquelle auraient été accrochées les différentes œuvres montrant ainsi la précarité la fragilité, le labyrinthe d’incertitudes et de difficultés dans lesquelles les jeunes travaillent mais face à l’architecture du lieu, son étendue, ses matières mais aussi grâce à la complicité de l'équipe de la Maison Folie et de sa directrice, Anne André,, on s’est senti pris d’une folie douce.
Pour Made in Caj-mir de nombreuses réalisations ont été transformées, redimensionnées, croisées, transformées, adaptées par rapport au lieu. Les photos de Décor et des Gens et de Portrait d’avenir sont devenues des affiches. Les affiches contre la violence ainsi que des peintures sont devenues des badges, des t-shirts. Tous les supports (boîtes, bornes d’écoutes, meubles) ont être créés pour l’événement.
Parallèlement à l'exposition, nous avons diffusé différents spectacles et concerts de jeunes. La présentation du nouveau Cd Divers Cités a été un feu d’artifice avec les groupes des jeunes auxquels se sont joints Hexequatur (musique médiévale) et Youth of Spirit (reggae).
Les représentations des Tréteaux de Maître Pierre et de Fais-moi une place comme Renaud Lhoest Quintet et Gaspésie ont également été de belles réussites. Un site internet www.madeincajmir.be avait également été créé pour promouvoir la manifestation.